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Si l'on oublie quelques instants les délicieuses propriétés gastronomiques de notre condiment, nous pouvons aborder ici la tradition et la légende. Depuis la plus haute antiquité, et en tout point du globe, des références insinuent que la moutarde a des pouvoirs magiques autant que thérapeutiques. Ces croyances doivent certainement leur origine à l'extrême vivacité de la plante de moutarde et sa rapide répartition sur notre Terre.

Les légendes du nord de la France assurent que la moutarde, unie en bouquet au fenouil, et bénie à la veille de la Saint-Jean d'été, est un répulsif puissant contre les sorcières et garantit le repos de l'âme d'une personne envoûtée.

En Toscane, on répend des graines de moutarde sauvage sur les seuils des maisons pour en protéger la famille des esprits pernicieux ...

Le Tibet nous offre aussi un exemple typique en indiquant qu'il est de bon ton, pour se prémunir des calamités diverses, de conserver un petit panier à deux étages, celui du haut étant rempli de graines de moutarde noire et blanche, celui du bas, rempli d'orge.

En Inde et au Bengale, la moutarde chasse les mauvais esprits et les fantômes, plus précisément ceux des femmes mortes en couche.

Quand aux traditions que je vais nommer ici "Remèdes de Grand-Mère" avec tout le respect mérité, les textes sont si nombreux qu'ils pourraient emplir l'entier de ce site. Nous nous contenterons des exemples suivants :

Les Danois prétendent que la panacée contre la frigidité consiste à mélanger des graines de moutarde à du ginembre et à de la menthe verte. Suffisait d'y penser ... On y traite aussi les maux de dents par l'application d'un emplâtre de moutarde sur la joue du patient. La carie ne disparaît pas, mais la douleur s'estompe et cesse.

De tout temps, les médecins, herboristes et sorciers nous vantent les effets de la moutarde sur des troubles ... ce qui ne manque pas de nous troubler. Mentionnons, entre autres, les effets quasi miraculeux de notre plante et de ses graines pour lutter contre : la calvitie, les courbatures, l'épilepsie, l'hydropisie, le manque d'ardeurs de Monsieur, le trop plein d'ardeurs de Madame - ou l'inverse - , la gale, la lèpre, le tétanos. Si l'on en croit les multiples ouvrages consacrés à ce sujet, depuis Pythagore jusqu'aux récentes publications sérieuses en matière de phyto-pharmacologie, nager quotidiennement dans la moutarde et en constituer le principal de son alimentation pourrait reléguer Mathusalem au rang de bambin joufflu.